utte contre le blanchiment d’argent et financement du terrorisme : Des acteurs nationaux mieux outillés


Lutte contre le blanchiment d’argent et financement du terrorisme
 Des acteurs nationaux mieux outillés




La salle de conférence du Sheraton a abrité hier matin un séminaire de formation sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Organisé par la Banque Centrale de Djibouti (BCD) en collaboration avec la société française CIVIPOL conseil, l’événement a réuni sur place l’ambassadeur de l’Union européenne à Djibouti, Adam Kulach, le chef de service des banques et des statistiques au sein de la BCD, Abdourahman Robleh Bouraleh, et  le directeur du projet mandaté par CIVIPOL pour diriger les travaux dudit atelier, Federico Argentinoune quarantaine de cadres supérieurs issus des rangs respectifs de la Banque centrale, de l’Inspection générale de l’Etat, de différents ministères en charge des finances, du budget et de la justice, et des  officiers des forces de l’ordre et de sécurité.  Il s’agit là d’un projet initié et financé par l’Union européenne.
Pour le respect des normes internationales et préserver ainsi la réputation de la place financière de notre pays, il est capital de sécuriser nos institutions financières contre le blanchiment de l’argent sale et le financement du terrorisme. Pour cela, il s’avère nécessaire d’outiller nos cadres pour empêcher que des fonds provenant d’activités illicites s’insèrent dans notre circuit économique et que des terroristes puissent accéder à des sources de financement. C’est du moins l’objectif de l’atelier organisé hier matin sous les lustres du Sheraton par la Banque Centrale de Djibouti en collaboration avec la société française CIVIPOL Conseil.
L’initiative émane de l’Union Européenne qui finance ce projet à hauteur de six millions d’euros. Ce programme  cible huit pays de la Corne de l’Afrique. Citons, outre Djibouti, l’Ethiopie, l’Erythrée, le Kenya, la Somalie, le Sud Soudan, le Soudan, la Tanzanie, l’Ouganda, et le Yémen.
L’événement a réuni sur place l’ambassadeur de l’Union européenne à Djibouti, Adam Kulach, le chef de service des banques et des statistiques, Abdourahman Robleh Bouraleh qui représentait le gouverneur de la Banque Centrale de Djibouti, le directeur du projet, Federico Argentino, une quarantaine de cadres supérieurs issus des rangs respectifs de la Banque centrale, de l’Inspection générale de l’Etat, de différents ministères en charge des finances, du budget et de la justice, et des  officiers des forces de l’ordre et de sécurité
Lors de la cérémonie inaugurale, le directeur du projet, Federico Argentino, qui a pris la parole le premier, a rappelé que ce projet AML/CFT consiste à soutenir les huit pays bénéficiaires en vue de contribuer aux efforts nationaux et régionaux pour le respect des normes internationales sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme dans la Corne de l’Afrique.
«L’élaboration de recommandations à l’adresse des économies informelles aux fins de soutenir la mise en œuvre de normes en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme est également une des finalités du projet», a-t-il lancé à l’endroit de ses interlocuteurs.
Il a indiqué en outre que les participants de cet atelier seront à leur tour des formateurs pour les autres cadres de leurs institutions respectives

Pour sa part, le chef de service des banques et des statistiques de la BCD, Abdourahman Robleh Bouraleh, a souligné que le secteur financier djiboutien a connu de profondes mutations au cours de cette dernière décennie.  
Préserver l’intégrité du secteur financier est, a-t-il dit, un objectif primordial. «Car Djibouti ambitionne de devenir une place financière saine, sure et à rayonnement international», a-t-il ajouté.   
«Le développement et la prolifération de la délinquance financière sur la scène internationale, nous impose une vigilance et une répression sans faille dans ce domaine», a-t-il martelé avec insistance devant le public réuni hier au Sheraton.
Pour clôturer cette série d’interventions, l’ambassadeur Adam Kulach a pris la parole le dernier. Le diplomate européen a affirmé que cet atelier permettra aussi à tous les agents des pays de la région en charge de la sécurité de collaborer.  
«Comme vous le savez,  tous les problèmes de stabilité, de paix et de lutte contre le terrorisme se trouvent au cœur de nos préoccupations sécuritaires », a-t-il conclu.   
Rachid Bayleh

Ils ont dit…
Abdourahman Robleh Bouraleh 
Chef de service des banques et des statistiques à la BCD
«Aujourd’hui, une palette étendue d’institutions financières compose le marché, à savoir les banques commerciales conventionnelles, banques islamiques, banques d’investissement et d’affaires, institutions de micro finance, le fonds de développement. Outre, le contexte macroéconomique dynamique avec un taux de croissance de 7% en 2017, les nombreux atouts et les orientations économiques libérales de Djibouti, confèrent un réel avantage à l’essor du système financier national, grâce notamment  à une  totale liberté de mouvement des capitaux, avec en corollaire la garantie pour les investisseurs étrangers de rapatrier librement leurs bénéfices, à l’absence de toutes restrictions au change de devises, aux  infrastructures de télécommunication des plus performantes en Afrique, essentielles pour les transactions financières internationales en temps voulu et sécurisées.
Cependant, préserver l’intégrité du secteur financier est un objectif primordial car Djibouti ambitionne de devenir une place financière saine, sure et viable à vocation internationale. Cela suppose de renforcer davantage le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme, pour préserver l’intégrité et la réputation de la place financière dans un contexte d’afflux soutenu de capitaux et d’investisseurs en provenance de l’étranger. Le développement et la prolifération de la délinquance financière sur la scène internationale, nous impose une vigilance et une répression sans faille dans ce domaine. Parmi les objectifs visés figurent la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. J’aimerais rappeler, assez brièvement, les étapes que nous avons franchies depuis  2002 pour développer notre dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et le mettre à niveau des standards internationaux. En première lieu, la République de Djibouti a procédé au renforcement de son arsenal juridique en promulguant en 2002 une loi sur le blanchiment, la confiscation et la coopération internationale en matière de produit du crime, loi qui avait fait l’objet d’une modification suivie d’autre lois en 2011 relatives à la lutte contre le financement du terrorisme et à la lutte contre le terrorisme et autres infractions graves. Ces textes de loi on été complétés par des circulaires de la Banque Centrale en matière de déclaration des soupçons et des modalités de l’endossement des chèques. En matière de coopération internationale, deux accords d’échange d’information vont être signés au mois d’octobre 2018 avec le Kenya et la Tanzanie conformément aux recommandations du GAFI. Ces deux accords viseront à mettre en place les modalités d’échange et de  traitement d’informations entre les cellules de renseignements financiers. Le service de renseignements financiers suit le processus d’adhésion au MENAFATF, le GAFI régional de la Zone MENA, dont il est membre observateur pour l’instant et sera membre à part entière à terme. Il a également effectué une demande d’adhésion au Groupe Egmont qui regroupe  151 services de renseignements financiers dans le monde. La demande est toujours en instance et la République Française ainsi que l’ile Maurice se sont portés volontaires pour parrainer cette demande. En matière d’échange et de traitement d’informations, le SRF continue de recevoir des demandes d’information de cellule de renseignements financiers étrangers relatifs à des transactions financières impliquant les banques de Djibouti. De nouvelles procédures d’analyse des données ont été mises en place afin d’ajuster de manière plus efficiente le fonctionnement du service avec les nouveaux logiciels de traitement des données récemment obtenues. Concernant le volet formation qui constitue une composante importante dans le dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement, rappelons que nos experts en matière des renseignements financiers ont pris part à plusieurs formations sur la LBC/FT organisé par le programme de l’Union Européenne sur le sujet. L’intérêt de cette rencontre d’aujourd’hui réside d’abord dans le partage d’expériences pratiques entre les experts nationaux et internationaux.  Cette rencontre est également la continuité des travaux déjà entamés à la fin du mois de mars 2015 à Nairobi dans le cadre de ce programme en mars 2015. En application de ce programme, Djibouti a tenu son premier forum national en décembre 2015 au cours duquel toutes les parties prenantes de la lutte contre le terrorisme, issues des sphères publiques et privées, ont participé pour débattre des voies et moyens d’améliorer l’efficacité du dispositif national. D’autre formations sont prévues le mois prochain au profit des employées du SRF et des institutions financières destinés à mieux détecter les opérations de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme dans un contexte d’économie basée sur les espèces en collaboration avec le Global Center.»

Federico Argentino,  
Directeur du projet de CIVIPOL 
«L’architecture de mise en œuvre du projet s’articule autour de plusieurs axes principaux.  L’amélioration de la compréhension du phénomène AML/CFT et des capacités nationales et régionales en la matière est l’un des effets principaux recherché.  Le projet vise avant toute chose à identifier les lacunes des dispositifs nationaux pour rechercher les solutions les plus adaptées, dans un souci de cohérence régionale.
A cette fin, les autorités de poursuite et d’application de la loi, les organismes financiers, les autorités de contrôle et d’une manière plus générale, la société civile constituent les principaux bénéficiaires des actions envisagées.  
Un pan entier du projet est dédié au renforcement des capacités des cellules de renseignement financier de la région tant sur le plan institutionnel qu’opérationnel. La promotion de la création de cellules financières là où cela s’avère nécessaire est également l’un des effets recherchés par le projet. L’ensemble des actions s’inscrit en synergie avec les ressources nationales, régionales et internationales existantes. Le projet s’appuie notamment sur le Centre d’Etudes Monétaires du Kenya (KSMS), appelé à devenir le socle régional de conception et de délivrance des futures formations et modules de sensibilisation mis en œuvre par le projet.
Les formations ainsi que les sessions de sensibilisation au bénéfice des huit pays cibles seront élaborées à partir d’une plateforme que le projet ambitionne de créer au sein du Centre d’Etudes Monétaires du Kenya. Les thématiques des cursus que la plateforme sera amenée à promouvoir concernent, entre autres, l’analyse des déclarations de soupçon des professions assujetties, les différentes typologies du blanchiment et du financement du terrorisme, les obligations des assujettis et du secteur bancaire en particulier, l’enquête financière administrative et pénale, la judiciarisassions du renseignement financier, l’appui à la création de compliance units,  etc.  Une attention particulière sera donnée à la mise en conformité des dispositifs nationaux avec les résolutions 1267 (1999) et 1373 (2001) du Conseil de Sécurité de l’ONU et au renforcement des capacités des cellules financières existantes par la mise place d’un logiciel de gestion des transactions électroniques développé par ONUDC et des formations opérationnelles dédiées au travail de la cellule».
Propos recueillis par Rachid Bayleh

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Portrait: Abdi Nour Allaleh :

Industrie agroalimentaire : Douda met en œuvre une politique commerciale de proximité

Portrait : Abayazid Ali Dahabli Un artiste aux doigts magiques