Djibouti
Vers l’utilisation à 100% d'énergies propres
Les travaux de la première conférence régionale sur le développement
des énergies renouvelables à Djibouti et en Afrique de l’Est, ont démarré hier
matin au palais du peuple. Organisées par le ministère de l’Energie, chargé des
Ressources naturelles, ces assises permettront aux cadres nationaux de ce
secteur d’acquérir les connaissances nécessaires afin d’accélérer la croissance
en énergie verte et de contribuer au développement économique
durable à Djibouti. Durant trois jours, les défis et les
opportunités de ces énergies dans cette partie du continent africain seront au
cœur des discussions entre les 400 participants de cette conférence régionale.
L’abondance
des ressources renouvelables telles que la géothermie, le solaire et l’éolien à
Djibouti a encouragé notre gouvernement à miser sur l’exploitation et
l’utilisation d’une énergie 100% verte à l’horizon 2035. En
organisant cette conférence, notre pays cherche à s’enquérir des expériences
réussies des pays de la région dans le domaine des énergies propres afin
d’accélérer la croissance de ce secteur à Djibouti pour répondre à
l’augmentation de la demande en énergie du pays, due à l’expansion de notre
économie et de notre démographie qui ne cesse d’augmenter de jour en
jour. C’est du moins l’objectif de cette conférence qui a débuté hier matin au
palais du peuple. Ces assises s’y poursuivront jusqu’au mardi 23 octobre
prochain. Elles permettront aux participants djiboutiens et ceux des pays de la
région de s’imprégner des enjeux technologiques et des opportunités de
l’énergie renouvelables de leurs pays respectifs.
Une première du genre
Placée
sous le haut patronage du Président de la République, Ismail Omar Guelleh,
cette 1ère conférence régionale sur le développement des
énergies renouvelables à Djibouti et en Afrique de l’Est a été lancée par le
ministre de l’Energie, chargé des Ressources naturelles, Yonis Ali Guedi.
Le
Premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, le président de l’Assemblée
nationale, Mohamed Ali Houmed, des membres du gouvernement et du parlement
djiboutien, les représentants du corps diplomatique, de nombreuses
personnalités publiques, des officiels du système onusien et d’autres
organisations internationales dont le directeur général de l'ISA,
Upendra Tripathy, des cadres djiboutiens et étrangers de ce secteur ainsi
que des nombreux invités représentant les gouvernements des pays de la
région à savoir la Somalie, le Kenya, Burundi, les Comores, le Maroc et
l’Egypte ont participé à cet évènement.
Dès son arrivée sur les lieux, le Président de
la République, Ismaïl Omar Guelleh, a été accueilli par le Premier ministre
Abdoulkader Kamil Mohamed accompagné du ministre de l’Energie, chargé des
Ressources naturelles, Yonis Ali Guedi et de plusieurs autres
personnalités, sous le rythme des danses folkloriques des troupes Al
Qhazali et de l’IDA.
Comme il est d’usage dans les pays musulmans, la lecture d’un verset
du Saint Coran a donné le coup d’envoi de ces assises ou les quelques 400
participants issus de cadres djiboutiens et des invités venus de la région de
l’Afrique de l’Est débattront sur les voix et les moyens pour développer les
énergies renouvelables dans leurs pays respectives et permettre à leurs
populations de bénéficier d’une énergie moins couteuse et accessible à tous.
Une transition énergétique et globale
Après un mot de bienvenue, le directeur général
de l’ISA (International Solar Alliance) a pris la parole. Upendra Tripathy a
indiqué que son organisation ambitionne de mettre en œuvre de manière
urgente une transition énergétique et globale.
«L'ISA est susceptible de générer des
solutions pour l'atténuation du changement climatique et de répondre aux
besoins énergétiques critiques. Djibouti participe activement à l’élaboration
d’une feuille de route claire pour le développement de l’énergie solaire avec des
objectifs chiffrés et des besoins d’investissement clairement définis»,
a-t-il dit à ses interlocuteurs.
Pour le ministre de l’Energie et des ressources
naturelles qui l’a suivi, les enjeux et les opportunités à saisir sont
cruciaux.
«Le
Gouvernement de la République de Djibouti ambitionne de capitaliser ses potentiels avérés en
termes d’énergies renouvelables, je pense notamment au solaire, à l’éolien mais
surtout à la géothermie»,
a déclaré M. Yonis Ali Guedi.
En
effet, Djibouti qui bénéficie d’un ensoleillement de 300 jours par an
équivalent à 2400 heures de production, d’un potentiel géothermique
estimé à plus de 1000 mégawatts et éolien avec des vitesses de vent culminant à
8 voire 12 mètres par seconde capable de faire tourner de puissants générateurs
électrique disposera à terme d’une des énergies les moins chères du monde,
d’où la nécessité de remettre actuellement l'énergie verte au cœur du
développement du pays, pour que celle-ci ait, un impact sur la réduction de la
pauvreté, l’amélioration du niveau de vie des populations, la protection de
l’environnement et le développement du secteur industriel, sources de création
d'emplois et de croissance économique.
Pour
sa part, le Président de la République a mis l’accent sur la vulnérabilité des
populations de la région face aux changements climatiques. «Les évènements
météorologiques extrêmes se sont multipliés de par le monde : températures record, sécheresse, cyclones, fonte des glaces et acidification des
océans sont autant d’évènements marquant un dérèglement du climat», a-t-il
lancé à l’ endroit des invités et des autres personnalités présents dans la
salle.
Face
à ce défi, le président Ismaïl Omar Guelleh a mis en exergue l’ambition de
notre pays de produire des sources énergétiques 100% renouvelable.
«Cette
conférence est l’occasion d’échanges sur nos expériences respectives dans le
domaine des énergies renouvelables et de capitaliser nos acquis pour
transformer notre région qui demeure l’une des plus vulnérable face au risque
climatique. J’encourage d’ailleurs nos pays frères de la région ainsi que les
organisations non gouvernementales à multiplier les initiatives pour faire face
aux défis climatiques que connait notre planète», a indiqué en substance le
chef de l’Etat djiboutien.
A l’issue de la cérémonie inaugurale de cette
conférence, le Président Ismaïl Omar Guelleh a visité les stands sur lesquels
des sociétés djiboutiennes de production des énergies vertes à savoir l’EDD,
Solar 7, LGA, (Laboratoire de Géothermie Appliquée), Panasonic
Solar,….etc , ont étalé leurs spécialités et leurs savoir-faire.
Rachid Bayleh
Ismaïl Omar Guelleh,
Président de la République de Djibouti
«À nous donc de transformer ces gisements de potentialités pour permettre le développement durable de nos pays»
La République
de Djibouti abrite sa première Conférence Régionale sur les énergies
renouvelables. En cette illustre occasion, j’aimerais souhaiter à toutes et à
tous ceux qui nous ont fait l'honneur et plaisir d'y participer la chaleureuse
bienvenue à Djibouti. Le changement climatique et ses effets ne
sont plus des spéculations mais une réalité à laquelle font face de nombreuses
régions du monde et en particulier la nôtre. Les évènements météorologiques
extrêmes se sont multipliés de par le monde : températures record,
sécheresse, cyclones, fonte des glaces et acidification des océans sont autant
d’évènements marquant un dérèglement du climat.
Le
dernier rapport du GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat, vient d’ores et déjà confirmer ces observations dont les
causes sont imputables à l’activité humaine avec une augmentation d’un point de
température depuis l’ère préindustrielle.
Il
est donc urgent de procéder à un changement de paradigme qui passe par une
refonte de nos modes de production et de consommation. En guise d’exemple, je
ne pourrais vous rappeler que les bâtiments sont tributaires de 32% de
consommation énergétique mondiale.
Aussi,
j’aimerais attirer votre attention que ce sont nos populations qui se trouvent
en premier lieu menacées par ces phénomènes. Face à ce défis
alarmant sur les effets catastrophique du changement
climatique ; La République de Djibouti s’est fixée des objectifs
ambitieux qui visent une production d’énergie à partir de
sources 100% renouvelables.
Elle
compte ainsi apporter sa part de contribution, aussi infime soit-elle, à la réduction des
gaz à effets de serre pour limiter la hausse de température moyenne mondiale à 1,5 degré
Celsius au maximum.
Les
prévisions de croissance de la demande en énergie dans notre région sont
importantes. De 36 térawatt-heure aujourd’hui, ce chiffre devrait passer à
134 en 2030 et à 457 en 2050 pour une capacité installée qui passera de 11 à
180 gigawatts sur la même période.
Dans
notre région également, les opportunités qui nous sont offertes par la nature
sont à la hauteur des défis que nous devons relever. À nous donc de transformer
ces gisements de potentialités pour permettre le développement durable de nos
pays.
Pour
ce faire nous devons tirer avantages des nombreux mécanismes de financement et
d’adaptation qui sont à notre disposition. Je pense notamment au Fond Vert pour
le climat pour lequel nous devons non seulement faire entendre nos positions et
nos projets mais aussi et surtout mettre en place les mécanismes de régulation
appropriés au niveau national. Il serait à mon avis opportun de profiter de
cette assemblée réunie ici aujourd'hui pour avancer sur tous ces sujets et
constituer un réseau solide pour faire avancer les projets d’adaptation et de
mitigation du changement climatique».
Yonis Ali Guedi,
Ministre de l’Energie, chargé des Ressources naturelles
«L’Afrique
se situe aujourd’hui à la croisée des chemins»
«Cette rencontre revêt un caractère inédit.
Inédit par le choix du thème, les énergies renouvelables qui sont au cœur des
enjeux énergétiques de notre siècle. Inédit également pour le rôle que compte
jouer Djibouti dans la région dans les prochaines années et les décennies à
venir en matière d’exploitation de ses abondantes ressources énergétiques renouvelables.
Notre continent, l’Afrique, se situe aujourd’hui à la croisée des chemins. Les
effets des changements climatiques se font ressentir en premier lieu sur nos
terres. Les questions que l’on doit se poser sont de savoir :
· Comment garantir un développement économique de nos pays sans
compromettre celui de nos enfants ?
· Comment permettre à nos populations d’accéder de manière durable à
une énergie abondante profitable à toutes les couches sociales ?
Le 7ème Objectif de Développement
Durable des Nations Unies vise à garantir l’accès de tous à des services
énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable à l’horizon
2030. Aujourd’hui, la consommation d’énergie moyenne d’un africain est de 0,6
tonnes équivalent pétrole, principalement à partir de sources fossiles. Ce
chiffre est 3 fois inférieur à la moyenne mondiale et 14 fois inférieur à la
consommation d’un américain du Nord. L’Histoire de l’aventure humaine a montré
qu’un développement à la fois économique et social a été possible à chaque fois
que des progrès ont été réalisés en matière d’accès à l’énergie. À ce titre,
l’Afrique regorge de potentialités en ressources énergétiques renouvelables qui
ne sont que peu ou pas exploitées et c’est sur la transformation de ces
potentiels que notre continent doit miser pour son décollage économique.
J’aimerais ici pouvoir rappeler un chiffre : le potentiel solaire de notre
continent est tel qu’un vingtième de la surface du Sahara recouvert de panneaux
solaires suffirait à combler l’ensemble de la consommation énergétique
mondiale, soit environ 18 000 térawatts-heures par an. Cette
rencontre permettra à tous d’en ressortir enrichis non seulement en termes de
compréhension des enjeux, des technologies et bonnes pratiques internationales
mais également sur la découverte de nos cultures respectives. Je voudrais à
toutes et à tous des échanges et débats constructifs et instructifs pour que
nous soyons les moteurs de la transformation de nos pays, de notre région et de
notre continent».
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