Partenariats Publics-Privés Deux jours pour s’imprégner des vertus du nouveau cadre juridique et institutionnel
Partenariats
Publics-Privés
Deux jours
pour s’imprégner des vertus du nouveau cadre juridique et institutionnel
Le ministre de l’Economie et des Finances, chargé de l’Industrie, a
parrainé hier matin au palais du peuple la cérémonie inaugurale d’un atelier de
deux jours sur le nouveau cadre juridique et institutionnel qui permettra à
notre pays d’attirer les investisseurs étrangers. Organisé par le MEFI en
collaboration avec Expertise France et l’Agence française de
développement(AFD), cet atelier d’une importance capitale a vu la participation
de nombreux officiels, dont l’ambassadeur de France à Djibouti, et
d’une centaine de représentants du secteur public et privé du pays. Les travaux
de ces assises de deux jours sont dirigés par des consultants internationaux
d’EF.
La République de Djibouti a besoin d’investissements en
infrastructures pour profiter pleinement de sa position géostratégique. Mais
limité par sa capacité d’emprunt, notre gouvernement a mis en place depuis 2014
une politique de Partenariat Public-Privé. La réglementation de ce PPP
est désormais posée. Tous ses textes fondateurs et d’encadrement sont
maintenant en application dans notre pays.
L’atelier, organisé hier au palais du peuple conjointement par le
ministère de l’économie et des Finances chargé de l’industrie et les équipes
d’Expertise France, consistait justement à vulgariser le nouveau cadre
juridique et institutionnel des Partenariats Publics-Privés.
L’événement a réuni sur place de nombreux officiels français et
djiboutiens. Parmi lesquels figuraient le ministre de l’Economie et des
finances chargé de l’Industrie, Ilyas Moussa Dawaleh, l’ambassadeur de
France à Djibouti, Christopher Guilhou, le secrétaire général du ministère
auprès de la Présidence chargé des Investissements, Abdi Elmi Ashkir, qui
représentait son ministre de tutelle en mission à l’étranger, le directeur du
bureau local de l’Agence française de développement(AFD), Philippe
Gollignon, et le directeur du projet Expertise France, Jean-Philippe
Nadal.
Un mode de financement pertinent
Lors de la cérémonie inaugurale de ces assises de deux jours, le
directeur du projet ADETEF s’est exprimé le premier. Jean Philippe Nadal a
salué l’initiative du gouvernement de Djibouti d’avoir entrepris la démarche
des PPP qui a abouti a-t-il dit à l’adoption de loi et de décret dont
l’ambition et d’attirer d’investissement étranger pour la réalisation de projet
d’infrastructure du service public. «Il s’agit ici du partenariat qui vise à
satisfaire le besoin général d’intérêt des zones publiques» ajoute-t-il.
Pour sa part, le secrétaire général du ministère auprès de la
Présidence, chargé des Investissements, Abdi Ilmi Ashkir, a lu à cette
occasion le message de son ministre Ali Guelleh Aboubaker qui est en mission à
l’étranger. Il a indiqué que cet atelier est organisé à un moment où Djibouti
est engagée dans des grands projets de construction d’infrastructures et de
mise en place de services publics. «Certains de ces projets sont réalisés,
d’autres sont en cours et enfin d’autres sont planifiés à moyen ou à long
terme. Etant donné le coût de ces projets, il est important de réfléchir sur la
meilleure manière de les financer à moindre coût mais avec des performances
techniques et commerciales appropriées. Dans cette optique, le partenariat
public-privé parait être un mode de financement pertinent» a déclaré le
ministre Ali Guelleh Aboubaker à travers ce message.
L’ambassadeur de France à Djibouti, Christopher Guilhou, qui l’a
suivi, s’est dit réjoui que la future direction générale des PPP (DGPPP) voie
bien le jour au sein du Ministère de l’Economie et des Finances chargé de
l’Industrie. Grâce à ce projet, cette nouvelle entité disposera selon le
diplomate français d’un cadre juridique clair et solide relatif aux
Partenariats Public-Privé, mais également d’un manuel des procédures détaillant
toutes les procédures concernant la réalisation d’un PPP, d’un guide de bonne
pratique qui reprendra les standards internationaux en la matière et assistera
les décideurs publics chargés de l’analyse et de la mise en œuvre de projets
PPP et enfin, de modèles de contrats et de modèles d’avis destinés à aider la
direction générale des PPP dans l’accomplissement de ses premières missions.
«Grace à cette réforme engagée, Djibouti bénéficie désormais d’un
cadre juridique qui définit clairement le cycle de vie d’un projet et qui
l’articule intelligemment avec les différents organes impliqués dans le
processus de réalisation des PPP» ajoute-t-il. M. Guilhou n’a pas caché son
encouragement à tous les investisseurs internationaux et plus particulièrement
les entreprises françaises désireuses d’investir à Djibouti, de passer par
cette voie et de soumissionner pour des projets de PPP ou de proposer leurs
propres projets d’infrastructures via le mécanisme d’offres spontanées encadré
par la réglementation des PPP.
Des instruments essentiels au service du développement de notre
économie
Pour clôturer cette série d’interventions, le ministre de l’Economie
et des Finances, chargé de l’Industrie, Ilyas Moussa Dawaleh, a souligné
l’importance de cet atelier pour notre pays et notre économie. Car
le cadre juridique des PPP reconnait l’importance du secteur privé comme
moteur de croissance économique (SCAPE) selon M. Dawaleh.
«Les partenariats public-privé sont, et seront encore davantage à
l’avenir, des instruments essentiels mis au service du développement de notre
économie. Ils ont l’avantage indéniable de combiner des investissements publics
et privés, de mobiliser les facilités de crédits du secteur privé au profit
d’un projet public», a-t-il lancé à l’endroit de l’assistance.
Il s’est dit heureux de voir un des projets prioritaires du
gouvernement se concrétiser. Enfin, il a exhorté les participants de l’atelier
à s’approprier ce cadre juridique pour qu’il puisse profiter, a-t-il ajouté, au
plus grand nombre.
A noter que le ministre de l’économie et des finances chargé de l’industrie
Ilyas Moussa Dawaleh a, lors son intervention d’hier au palais du peuple,
nommé Mme Fatouma Ahmed Moussa au poste de directrice générale des
bureaux des PPP.
Rachid
Bayleh
Christopher Guilhou,
Ambassadeur de France à Djibouti
«La
réalisation d’un projet PPP sera avant tout guidée par une motivation d’intérêt
public»
«Ce cadre
apportera sans nul doute, une réelle sécurité pour les investisseurs et devrait
encourager les multinationales et les grands groupes internationaux à
investisseur dans le pays, car il est généralement admis que la qualité d’un
environnement réglementaire et juridique d’un pays influence positivement et
significativement les décisions d’investissements des entreprise étrangères.
Enfin et surtout, la réalisation d’un projet PPP sera avant tout guidée par une
motivation d’intérêt public, au service des usagers et des bénéficiaires
djiboutiens, puisque le choix d’un tel projet devra démonter non seulement
qu’il répond à un intérêt stratégique et social au niveau local régional et
national, mais aussi qu’il présente un impact potentiel sur l’emploi et la
croissance du secteur privé djiboutien. Dans ce sens, c’est bien l’intérêt
public qui prime dans les choix qui guideront les décideurs politiques et
institutionnels.
En premier
lieu, il s’agit d’un contrat global guidé par
une logique d’efficacité. En effet, le partenaire privé assure
généralement la conception, la construction, l’exploitation et la
maintenance du projet. Cette obligation de maintenance des ouvrages est une
réelle garantie pour la personne publique de récupérer un ouvrage en parfait
état de fonctionnement au terme du contrat et de garantir la performance de la
qualité du service rendu aux usagers durant l’exécution du contrat.
En deuxième
lieu, il s’agit d’un outil de
planification de la dépense publique, puisque le Conseil des Ministres dresse
annuellement la liste des projets qu’il veut voir réaliser en PPP. Le
gouvernement peut ainsi planifier annuellement les dépenses en investissement
pour la réalisation d’infrastructures publiques. Par ailleurs, l’impact
budgétaire de l’ensemble des coûts du projet est anticipé en amont sur toute la
durée du contrat, permettant ainsi une anticipation globale de la dépense qui
intègre directement les coûts d’entretien et de maintenance de l’ouvrage.
D’autre part, dégager un rapport qualité-prix à long terme grâce à un transfert
de risque adéquat vers le secteur privé tout au long du projet est aussi un
élément clé de cette démarche.
Et enfin, il s’agit d’un outil de développement
économique, puisqu’il permet notamment de développer les capacités du secteur
privé local (participation conjointe ou capital du partenaire privé ou comme
sous-traitant de ce partenaire), de diversifier l’économie grâce à une
meilleure compétitivité du pays en permettant le développement de grands
projets d’infrastructures et de valoriser le domaine public de l’Etat par
la construction d’infrastructures.
Naturellement,
des risques existent toujours, mais j’ai la faiblesse de croire que les outils
déployés avec l’appui des équipes d’Expertise France et les organes de régulation
et de contrôle qui sont prévus permettront de les anticiper le plus en amont
possible et de faire de ce nouveau dispositif réglementaire, un véritable
succès pour l’économie djiboutienne».
Ilyas Moussa Dawaleh,
Ministre de l’Economie et des Finances,
Chargé de l’Industrie
«Nous avons décidé de la création du Fonds PPP»
«Le cadre,
qui va vous être présenté aujourd’hui et qui a été adopté par le gouvernement,
est le résultat d’un certain nombre de choix stratégiques opérés avec pour
objectif la durabilité, la responsabilité des acteurs, la transparence et la
bonne gouvernance.
En matière
de durabilité, il a été choisi de créer, au sein du
Ministère de l’Economie et des Finances, une direction spécialisée. Cette
direction sera mise en place prochainement. Elle combinera l’expertise
d’économistes, d’ingénieurs, d’analystes financiers, d’experts en commande
publique et de juristes. C’est cette direction qui sera la cheville
ouvrière du gouvernement sur l’ensemble des questions relatives aux projets de PPP.
Elle assistera les différents Ministères et autorités contractantes porteurs de
projets PPP dans le processus d’indentification, d’évaluation, de passation et
de mise en œuvre des projets réalisables en PPP. La direction des PPP sera le
centre national d’expertise en PPP et elle s’assurera que les meilleures
pratiques soient employées par les autorités contractantes. Lors du processus
d’adoption du cadre législatif et réglementaire, de nombreuses connaissances et
compétences ont été acquises par nos services. Ces éléments seront développés
et partagés dans le cadre de la mission de renforcement de capacités de la
Direction des PPP. Nous avons donc inscrit le développement des capacités au
cœur même de notre réglementation, pour que notre politique en matière de PPP
soit efficace et pérenne. Le gouvernement a également gardé à l’esprit que la
conduite d’une politique ambitieuse en matière de PPP a nécessairement un coût
pour l’administration. Nous avons souhaité repartir ce coût de la façon la plus
juste possible et avons donc décidé de la création du Fonds PPP. Ce fonds financera les études,
le renforcement de capacités et de manière générale, soutiendra la politique en
matière de PPP sur le territoire de la République. Ce fonds sera alimenté, en
plus des dotations publiques, par les contributions de nos partenaires
techniques et financiers et des redevances versées par les attributaires des
contrats de PPP. Le cadre législatif et réglementaire prévoit donc une
fois de plus des dispositions lui assurant sa durabilité et sa pérennité.
En matière
de responsabilité, le gouvernement a fait le choix délibéré de
ne pas centraliser outre mesure la commande publique réalisée au moyen de PPP.
Il existe
des exemples de pays ayant décidé de confier l’ensemble du processus
d’identification des besoins et de passation à une unité centralisée. Au
contraire, fort d’autres exemples plus réussis, le gouvernement a fait le choix
de maintenir les autorités contractantes au centre du jeu et de renforcer
leurs compétences. Des PPP peuvent être mis en œuvre par de nombreuses
autorités contractantes. Citons, outre l’Etat et ses ministères, les agences et
entreprises publiques (établissements publics administratifs, les
établissements publics à caractère industriel et commercial, les sociétés
d’État, les sociétés d’économie mixte a capital majoritairement public) ainsi
que par les collectivités locales. Toutes ces entités sont responsables
d’identifier leurs besoins et de déterminer, avec l’aide de la direction des
PPP, si ces besoins peuvent être rencontrés à l’aide d’un contrat de PPP. Ce
sont ces entités qui vont constituer les cellules de projet qui vont, toujours
avec l’assistance de la Direction des PPP, procéder aux analyses, lancer les
procédures de passation et suivre l’exécution du contrat. Les institutions sont
donc responsables du début à la fin du bon déroulement du projet. Le
gouvernement a considéré que ce sont les autorités contractantes qui sont les
plus à même, dans le cadre de la Vision 2035 et de la SCAPE, de réfléchir aux
projets qui doivent être menés, de formuler des objectifs de performances et de
s’assurer qu’ils sont réalisés par le partenaire privé.
Le cadre des
PPP permet donc à chaque acteur institutionnel de prendre sa place dans le
processus complexe que représente la passation d’un PPP. Cet espace
institutionnel laissé aux autorités contractantes est responsabilisant car il
permet aux agents de s’approprier le projet et leur donne les outils pour le
faire aboutir. Enfin, le nouveau cadre législatif et réglementaire amène une grande transparence dans
cette matière et incorpore des principes concourant à une bonne gouvernance du
secteur. Si les autorités contractantes sont en grande partie responsables de
la préparation des décisions, le Gouvernement est le responsable politique
ultime de toutes les étapes importantes d’une procédure de passation. Il
revient en effet au gouvernement d’intervenir à chaque étape
essentielle :
- Au moment de la définition
de la politique PPP, en adoptant une Lettre de Politique PPP préparée
par le MEFI;
- Au moment de décider
des priorités, en dressant, parmi les projets développables en PPP
la liste des projets PPP prioritaires conformément aux objectifs de
développement économique et social;
- Au moment du lancement
d’une procédure de passation en approuvant, par décret, le recours
à un PPP par une Autorité Contractante;
- Au moment de la
conclusion du contrat, en approuvant, par décret, le contrat de PPP
signé entre l'Autorité Contractante et le Partenaire.
Remarquons
aussi la place importante, en matière de transparence et de respect des
procédures, qu’a pris la
commission nationale des marchés publics. Cette institution existante a
été dotée d’un rôle de contrôle de
la conformité de la
procédure de passation suivie par l’autorité contractante aux règles et
principes posés par la loi. Elle intervient aux étapes critiques d’une
procédure de passation et ses avis permettent à l’autorité contractante de ne
progresser dans la passation du contrat que si toutes les règles ont été
respectées. La création d’une nouvelle commission de régulation des PPP s’est
aussi avérée nécessaire. Cette commission est une autorité administrative indépendante qui a pour tâches
principales de
- trancher les recours déposé par les soumissionnaires évincés, avant
que le tribunal administratif ne puisse être saisi ;
- chercher et proposer des solutions pragmatiques en cas de litige
entre l’Etat et le partenaire privé; et
- trancher les litiges entre les usagers d’un service public et le
partenaire public exploitant ce service.
Cette
nouvelle entité participera, avec les autres acteurs institutionnels, à la
bonne gouvernance des contrats de PPP. Enfin, toujours en matière de transparence,
il faut rappeler que la République s’est récemment dotée d’un Code de la bonne
gouvernance des entreprises publiques qui prévoit les règles de gestion de
telles entreprises. Lorsqu’un PPP aboutit à la création d’une société
d’économie mixte entre le partenaire privé et l’Etat, cette société sera
automatiquement soumise au Code de la bonne gouvernance des entreprises
publiques. Au début de mon intervention, j’ai souhaité vous inciter à la
prudence : par leur nature même, les contrats de PPP engagent l’Etat pour
de longues périodes. Il est nécessaire, pour qu’ils soient profitables pour la
population, que ces contrats soient bien évalués, équilibrés et bien négociés.
Ma conviction est que le cadre juridique adopté, qui va vous être présenté
aujourd’hui, va nous permettre d’atteindre ce résultat. Il m’est revenu
d’ailleurs, qu’il se dit dans des ateliers de discussion spécialisés à
l’étranger que notre cadre est un des mieux réalisés sur le continent.
Seule la
mise en application rigoureuse de notre cadre juridique lui permettra d’être à
la hauteur des enjeux. C’est justement l’objectif de deux journées d’atelier
que nous avons organisées.»
Propos recueillis par Rachid Bayleh
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