Portrait d’une peintre djiboutienne

Oubah Hamod Hassan


Des rêves de gloire artistique 

Nous vous présentons aujourd’hui, une femme unique en son genre à Djibouti. L’art plastique, la décoration, les dessins, les tatouages, la gastronomie…etc. Rien n’a de secret pour elle. Oubah Hamod Hassan, c’est son nom, exprime sans ambages ses sentiments par la peinture. Le 8 mars dernier, lors de la journée internationale de la femme, elle avait exposé ses œuvres d’art à l’entrée de la salle de spectacle, au palais du peuple, où a lieu la cérémonie. Le président de République l’a félicité et l’a encouragé à persévérer dans cette voie, puis a acheté certains de ses tableaux. Oubah Hamod est en outre un exemple de générosité, elle a fait don de deux toiles aux actions de solidarité organisées en faveur des  artistes Fatouma Ahmed Dembil et Fouad Ahmed. Mère de famille, cadre du MENFOP et artiste peintre à la fois, c’est le portrait d’une jeune femme douée et posée que nous allons essayer de vous brosser.
Oubah Hamod Hassan est toujours souriante, très active et très accueillante dans la vie courante. Elle est la seule femme artiste peintre de notre pays. Pourtant, elle n’a rien de spécial. Elle est modeste. Mais derrière cette modestie se cache une artiste au grand cœur. Tous ceux qui l'ont connus sont unanimes, Oubah a toujours été comme ça, dit-on: simple, accueillante et toujours de bonne humeur dans la vie courante.
Nous sommes le 28 mars 1986. Dans la petite maison de Hamod Hassan située à Balbala T3, l’on célèbre la naissance d’une petite fille. Son nom : Oubah (fleur). Oubah Hamod Hassan. Le temps passe. Et le petit bout de femme grandit chaque jour un peu plus.
En l’an 1993, alors que la petite Oubah venait juste de célébrer son septième anniversaire, son père Hamod Hassan l’inscrit à l’école primaire publique mixte de Balbala 2.  
Oubah nous append, qu’entre elle et le dessin, c’est une vielle histoire d’amour. Une flamme qui trouve ses origines dans ses trois premières années d’école primaire. Vers la fin de l’année 2001, alors qu’elle est encore en classe d’initiation, elle passait le plus clair de son temps à dessiner sur des supports de fortune. Le dessin, elle ne pouvait s’en passer un seul instant.
Comme c’est souvent le cas chez les prodiges, les dessins d’Oubah Hamod séduisent les enseignants, dès son bas âge, lors des concours interscolaire où elle se classait première. «Un jour, j’étais à l’école primaire, une voisine voit les dessins sur mes cahiers et me demande le jour suivant de lui faire un tatouage sur les bras et les jambes», nous dit-elle en souriant.
En 1999, le collège de Fukuzawa organise un concours de dessins pour les élèves de l’établissement. Oubah, alors en classe de 5ième de ce collège fait partie des élèves qui ont franchi l’étape de la présélection. «On avait affiché mon dessin sur le mur dans la bibliothèque», nous confie-t-elle.
Une licence de biologie et de géologie en poche, en 2008, elle devient enseignante de SVT, l’année suivante. «J’ai acheté alors des boîtes de peinture, des pinceaux….etc. Enfin tout le matériel qu’il faut! Et j’ai commencé à peindre! Seule, chez moi, je me suis entrainée » se souvient Oubah. Confiante, elle fonce avec un seul objectif: confirmer son talent. Elle travaillera par la suite les mélanges des couleurs et renforcera ses différents techniques et gestes.     
En peu de temps, elle se familiarise avec l’aquarelle qui est très difficile. Alliant la couleur et l’eau, celle-ci requiert nombre de savoirs et de geste spécifiques dont l’acquisition et la maitrise demandent plusieurs années.
 Le bouche à oreille aidant, des cadres du ministère de la culture remarquent le potentiel artistique d’Oubah. Et, le 28 décembre dernier, lors de la journée internationale de l’artiste, Oubah est parmi les artistes nationaux sélectionnés par l’IDA pour exposer leurs œuvres dans le hall du palais du peuple. Elle saisit pleinement la chance que le ministère des Affaires Musulmanes, de la Culture et des Biens Waqfs lui a offerte à travers cette exposition pour diffuser ainsi ses œuvres artistiques pour la première fois. En effet, à l’occasion de ce grand évènement, elle présente diverses toiles. Les unes plus belles que les autres. Lors de la cérémonie commémorative de cette journée, le président de la république, l’a félicité et l’a encouragé à persévérer dans cette voie. Désormais, ses tableaux ne passent pas inaperçus et les œuvres d’art qu’elle avait présentées à l’occasion de ce jour là, ont tous été vendues. Oubah franchit un nouveau palier qu’aucune femme djiboutienne n’a osé jusqu’à présent.
Connaissant sa générosité, les organisateurs du concert de soutien des artistes nationaux malades, à savoir Fouad Ahmed et Fatouma Ahmed Dembil, se sont tournés vers elle. C’est ainsi qu’Oubah a fait don  de deux toiles qui  ont fortement contribué à l’élan de solidarité nationale organisé en faveur de ces deux grandes figures de la chanson djiboutienne.
Les talents artistiques d’Oubah ne s’arrêtent pas seulement dans le milieu de la peinture. Elle  excelle aussi dans le domaine de la décoration et des tatouages.
D’un succès à l’autre, elle bénéficie d’un capital de sympathie très encourageant, et devint un modèle que le Ministère de la Femme et de la Famille (MFF) et l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes (UNFD) mettent en avant pour la présenter comme un exemple de développement réussi de la femme djiboutienne. Une reconnaissance qu’elle  apprécie à sa juste valeur. Car avec leur appui elle a bénéficié le 8 mars dernier, à participer à la cérémonie commémorative de la journée internationale de la femme en exposant son savoir faire sur l’un des différents stands mettant en valeur les progrès de la femme. Le président de la République ainsi que certains membres du gouvernement qui ont participé à cette cérémonie n’ont pas manqué d’acheter certaines de ses œuvres.
Ambitieuse et optimiste, Oubah rêve de gloire et de célébrité. Un jour, en persévérant et en développant sa créativité, elle pourra participer à des expositions internationales en dehors de nos frontières.  
Mère de 3 enfants Oubah Hamod Hassan habite toujours dans le quartier T3 qui l’a vu grandir. Elle compte aujourd’hui, partager son savoir-faire, en dispensant des cours de formation, durant son temps libre, aux collégiens passionnés de cet art.
Rachid Bayleh

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