Portrait: Deka "Dounio", une parolière au verbe haut
Portrait
Deka "Dounio", une parolière au verbe haut
Deka Farah Ali alias Deka ‘‘Dounio’’ est une dame
pas comme les autres. Car elle compose les textes des chansons. Elle
est l’unique femme parolière à Djibouti.
Toujours agitée mais très ouverte dans la vie
courante, Deka Farah Ali, plus connue sous son sobriquet de ‘‘Dounio’’ est
une artiste. Elle est la seule djiboutienne, compositrice des rimes de
plusieurs chansons.
Née en 1978 à Awdal (région de la Somaliland), Deka
a grandi dans la banlieue de Balbala, à la périphérie de Djibouti-ville .
Elle a fait ses études en arabe jusqu’en classe de 9ième à
l’école Bab-El-Mandeb. Par la suite, elle abandonna les études et se lança dans
la composition des poèmes.
Tout commence pour Deka en 2008. Quand elle
compose un long poème pour encourager nos soldats qui sont sur le front de
Doumeira. Ce poème, intitulé «CIIDANKAYGAN CUDUDA LEH», était un coup d’essai
mais aussi un coup de maître.
Elle a le verbe haut. Et le jury
du concours de poésie, lancé par le ministère de la culture en
2009 sous la direction d’Idriss Moussa, n’a eu aucune peine pour lui
décerner le prix de la meilleure poésie féminine. Auréolée de son succès, elle
fonce avec un seul objectif : confirmer son talent. Elle travaille ses
textes pour attirer les jeunes chanteurs et chanteuses pour se faire un renom. Deka
a déjà une dizaine de chansons dans son palmarès de parolière. Bien à l’aise
dans la composition et persuadée d’y trouver sa voie, elle envisage d’investir
de grandes scènes.
Ses textes ont été interpretés par les grandes
figures de la chanson somali d'ici et d'ailleurs.
Une prestigieuse liste où l'on retrouve
notamment Deka Ahmed Handouleh alias Deka "Gaydh" avec
la chanson «HAMDI» et sa sœur Yasmin Ahmed Handouleh alias
Yasmin "Gaydh" «LAMAANE», Issa Daher Hirsi….
Elle ne distribue pas au hasard ses compositions
mais attribue à chaque chanteur ou chanteuse le texte qui lui va.
Elle dédie ses poèmes et chansons à la patrie, à
l’amour, à la culture et à l’islam. Une poésie qu’elle pratique depuis peu
mais qu’elle manie déjà avec verve.
L'amour qu'elle porte au prophète Mohamed (SAW)
l'inspire beaucoup, raison pour laquelle, elle excelle aussi dans le
registre religieux, le célèbre "qasaîd".
Descendante d’une famille d’artistes, elle a la
poésie dans le sang. Elle détient de sa mère Habsan Houjaleh Guelleh
une spécialiste du ‘‘Bourambur’’ (Sorte de poésie spéciale pour les
femmes) qui a marqué les années 70 en Somalie. Elle est aussi une cousine
maternelle de la diva de la chanson djiboutienne de la troupe ‘‘Gacan
Macan’’ : Saada Allaleh. Notons que cette dernière est la seule femme à
Djibouti qui joue parfaitement le ‘‘Oud’’.
Bien que n’ayant jamais cherché le mérite et aucune
autre récompense, Deka se sent un peu marginalisée car elle est simplement
parolière. «J’aime composer des textes et entendre mes compositions chantées
à la radio ou à la télé. Je fais tout cela, pour ma patrie et moi-même»,
nous a-t-elle confié.
L’année dernière, elle a composé un texte «ISMACIIL
CAWAALOW», chanté par une petite fille de 12 ans, Deqsan Ayanleh, lors de la
dernière campagne présidentielle.
Ce n'est pas tout. Deka Farah
Ali a entamé aussi la composition des mélodies. «Pour être une artiste
complète, il faut être polyvalente. C’est pourquoi je m’essaye cette année
à composer des airs pour mes textes. Si auparavant les chansons de
louanges étaient destinées seulement aux femmes, j’ai composé une chanson que
j’ai dédié aux hommes!», nous a-t-elle dit finalement en souriant.
Rachid Bayleh
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